- petite-maîtresse
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⇒PETIT-MAÎTRE, subst. masc.,PETITE-MAÎTRESSE, subst. fém.Vieilli, littér. Jeune élégant, jeune élégante aux allures et aux manières affectées et prétentieuses. Minoret, plein de faiblesse pour son Ursule, à laquelle il ne refusait rien et qui avait mené la vie d'une petite-maîtresse, se trouva presque pauvre après l'avoir perdue (BALZAC, U. Mirouët, 1841, p.22). Cet homme semblait avoir toute la politesse importune, tout le bavardage fatigant d'un petit-maître français de la vieille école (NERVAL, Nouv. et fantais., 1855, p.39).Prononc. et Orth.:[
], [
]. Att. ds Ac. dep. 1740. Plur. des petits-maîtres, des petites-maîtresses. Étymol. et Hist. a) 1605 «diable, démon» (LE LOYER, Hist. des Spectres, VIII, 5 ds HUG.); b) av. 1614 petit maistre «expression employée par le connétable de Montmorency pour désigner le roi» (BRANTÔME, OEuvres, éd. L. Lalanne, t.3, p.296); 1651 les petits maistres «les familiers du prince de Condé» (Nouvelles de Paris du 1er juillet, Archives des Affaires Étrangères, fonds «France», vol. 875, f° 318 v°-319 r° ds MARIVAUX, Le Petit Maître corrigé, éd. Fr. Deloffre, p.12-13, note 5); c) 1686 «jeune élégant à la mise recherchée, à l'allure maniérée et prétentieuse» (BARON, L'Homme à bonnes fortunes, I, 12); 1695 petite maîtresse «femme qui se donne un air avantageux» (MONGIN, Les Promenades de Paris, I, 2 ds GHERARDI, Théâtre italien, t.6, p.108 [les deux éléments de l'expr. doivent peut-être être lus séparément]); 1704 fém. petit-maître (Trév.); 1719 petite-maîtresse (VAN EFFEN, Les Petits-Maîtres ds MARIVAUX, op. cit., p.17); 1746 (LA MORLIÈRE, Angola, p.XXIII). Comp. de petit et de maître. L'orig. du mot doit peut-être être recherchée dans l'expr. appellative mon petit maître, var. iron., affectueuse ou badine de mon maître (cf. 1585 «mon pauvre petit tesmoin, mon mignon, mon petit maistre, que je suis aise t'avoir trouvé...» N. DU FAIL, Contes d'Eutrapel, éd. J. Assézat, t.2, p.149; Trév. 1704 mentionne: «On dit ironiquement et par mépris, mon petit Monsieur (...) On dit aussi mon petit maître, mon petit mignon...»). Fréq. abs. littér.:39. Bbg. BALDENSPERGER (F.). Notes lexicol. R. de Philol. 1927, t.39, p.61.
petit-maître, petite-maîtresse [p(ə)timɛtʀ, p(ə)titmɛtʀɛs] n.❖♦ Vieilli. Jeune élégant ou élégante, à la mise recherchée, à l'allure maniérée et prétentieuse. ⇒ Élégant (cit. 8); dameret, dandy, muscadin… || Des petits-maîtres.1 (…) nous jouissons aujourd'hui de Vauvinet, l'usurier bon enfant, petit-maître qui hante les coulisses, les lorettes, et qui se promène dans un petit coupé bas à un cheval (…)Balzac, les Comédiens sans le savoir, Pl., t. VII, p. 36.2 Doué d'instincts de petite-maîtresse, qui contrastaient singulièrement, d'ailleurs, avec sa laideur de chenille, il usait de savons parfumés à l'héliotrope le plus pur (…)Courteline, le Train de 8 h 47, I, I.
Encyclopédie Universelle. 2012.